Les légendes, les mythes, la fable, sont comme des réservoirs profonds où dorment le sang et les larmes des peuples (Baudelaire).

diumenge, 22 de novembre del 2020

BRIDGESTONE VA CLAVAR





Dans un document datant de plusieurs années, la direction « Europe » de Bridgestone, basée à Bruxelles, indiquait ceci : « la fermeture de l’usine de Béthune se traduirait par une augmentation de la marge opérationnelle d’environ 58 millions d’€ pour Bridgestone en Europe dès 2024 avec une plus-value d’environ 50 millions dès 2023. Avec la réduction de la surcapacité de production de Bridgestone en Europe, [le groupe] retrouverait une marge opérationnelle de 4,2% soit plus 1,2 point de plus que la marge opérationnelle prévue en 2020. (….) C’est au regard de ces éléments qu’il est envisagé la cessation d’activité totale et définitive de l’activité de la société Bridgeton France SAS » ; la fermeture de l’usine de Béthune n’est donc rien d’autre qu’une délocalisation pour améliorer les performances financières (La lettre de Patrick Le Hyaric, 22/11/2020).

dilluns, 9 de novembre del 2020

dilluns, 2 de novembre del 2020

EN FR DINS LO TÈXTE

La lettre de l'actrice, Ariane Ascaride, en réaction aux annonces de reconfinement d’Emmanuel Macron.

Monsieur le Président,
Je sais que vous êtes au four et au moulin et ma lettre ne pèse pas bien lourd face à cette marée épidémique. Mais je ne peux pas m’empêcher de l’écrire, Monsieur le Président. Hier soir, devant ma télé, je vous écoutais avec une grande attention, mon espoir bien avant l’allocution était réduit à néant, mais ce qui fait un trou à mon âme est l’absence dans votre discours du mot culture. Pas une fois il n’a été prononcé.
Nous sommes la France, Monsieur, pays reconnu par le monde entier et envié par tous pour la présence de sa créativité culturelle, la peinture, la musique, la littérature, la danse, l’architecture, le cinéma, le théâtre, vous remarquez, je cite mon outil de travail en dernier. Tous ces arts sont dans ce pays des lettres de noblesse que les hommes et les femmes du monde admirent. C’est un pays où marcher dans les villes raconte l’histoire du monde, où la parole dans les cinémas et les théâtres apaise, réjouit, porte à la réflexion et aux rêves ces anonymes qui s’assoient dans le noir pour respirer ensemble un temps donné. Nous sommes indispensables à l’âme humaine, nous aidons à la soigner, je ne parle même pas de tout le travail que nous faisons avec les psychiatres. Nous sommes des fous, des trublions mais tous les rois en ont toujours eu besoin. Et hier soir silence total…
Je pensais à Mozart hier soir, au fond le regard des dirigeants n’a pas tellement changé et ça me désespère. Nous faisons du bruit, nous parlons et rions fort, nous dérangeons certes mais sans nous l’expression de la vie est réduite à néant.
Aujourd’hui je suis perdue, je sais, je veux le croire, les lieux de cultures ouvriront à nouveau et on pourra retourner dans les librairies acheter un livre que l’on glissera dans la poche de son manteau comme un porte-bonheur, un porte-vie. Mais hier soir quelque chose s’est brisé dans mon cœur. Je ne sais pas bien quoi, peut-être l’espérance, et c’est terrible pour moi, car c’est l’espérance d’écrire un beau livre, de construire un bel édifice, de faire entendre un texte magnifique, de peindre l’aura des humains, de faire chanter et danser nos spectateurs, qui nous pousse tous à travailler comme des fous, à faire des sacrifices de salaire, des sacrifices familiaux, demandez à nos familles ce qu’elles acceptent parfois pour que nous puissions donner de la joie à ces anonymes.
Voilà, Monsieur le Président, je ne pouvais pas me taire, moi, votre silence m’a démolie. Mais je me reléverai et mes amis aussi. Je voulais juste que vous mesuriez avec cet oubli combien vous, vous avez écorché les rêves de ceux qui font rêver et se sentir vivant. Avec toutes mes salutations respectueuses.
L’Humanité, vendredi 30 Octobre 2020, Ariane Ascaride